Le projet de loi de finances 2023 ambitionne de porter à près de 6 milliards d'euros les crédits alloués à l'aide publique au développement. Avec le concours de l'AFD, l'aide totale devrait dépasser cette année les 15 milliards d'euros.
Le projet de loi de finance a augmenté de plus de 15 % le montant de l'aide publique au développement de la France en 2023. (ROMUALD MEIGNEUX/SIPA)
Par Richard Hiault
Publié le 30 sept. 2022
Les promesses sont tenues. Le projet de loi de finances 2023 prévoit bien une nouvelle hausse de l'enveloppe budgétaire consacrée à l'aide publique au développement (APD). En l'état, il est prévu d'y consacrer 5,9 milliards d'euros, soit une hausse de 15,7 % par rapport à l'année précédente. Cette enveloppe se complète d'un montant de 740 millions d'euros de taxes issues des revenus générés par la taxe sur les transactions financières et la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
« Cette augmentation est une très bonne nouvelle et nous félicitons cet effort. Nous demandons désormais des modalités d'allocation de ces volumes financiers, dans une période où les crises s'additionnent, se superposent et s'alimentent, qui permettent d'atteindre les priorités géographiques et sectorielles de la France telles que définies par la loi » a réagi Olivier Bruyeron, le président de l'ONG Coordination SUD.
En septembre dernier, le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait promis les moyens de l'action internationale de la France seraient « consolidés et adaptés ». Grâce à l a loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales du 4 août 2021, son second quinquennat devrait aboutir à une croissance régulière de l'APD française. Le projet de loi de finances avance déjà un montant de près de 7 milliards d'euros en 2025.
Dans l'immédiat, pour 2023, les efforts porteront sur l'action humanitaire (642 millions d'euros) via la contribution au fonds d'urgence humanitaire et aux crédits alloués à l'initiative FARM (75 millions) qui transiteront par le programme alimentaire mondial. Le gouvernement prévoit aussi d'augmenter sa contribution au fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au-delà de l'engagement de 1,3 milliard d'euros pris sur trois ans (2020-2022).
Paris annonce aussi près de 400 millions d'euros pour le Fonds vert pour le climat et le Fonds africain de développement. Outre les contributions à l'association internationale de développement (AID), la filiale de la Banque mondiale destinée à aider les pays les plus pauvres, et les contributions à l'ONU, le gouvernement a également annoncé une hausse des crédits à plus d'un milliard d'euros pour le financement de projets via le recours à l'Agence française de développement (AFD).
0,55 % du revenu national brut
Car l'aide publique au développement française se complète aussi des opérations de ce dernier organisme, mi-agence mi-banque. Emmanuel Macron avait souligné le « rôle clé » de l'AFD, principal opérateur de la politique de développement de la France dont le directeur général vient d'être nommé pour un troisième mandat de trois ans. Le projet de loi de finances prévoit d'ailleurs un renforcement de ses fonds propres à hauteur de 3 % du montant total des crédits alloués.
Là encore, les feux sont au vert puisque l'AFD a doublé son activité entre 2016 (7 milliards d'euros) et 2019 (14 milliards) avant une stabilisation aux environs de 12 milliards. Rien qu'en 2021, l'agence a financé 995 projets pour un total de 12,15 milliards d'euros . Les projets dans plus de 130 pays se sont essentiellement centrés sur la santé, l'éducation et l'agriculture ou encore à l'accès à l'électricité.
Evolution de l'aide publique au développement de la FranceOCDE
Au total, l'aide publique au développement française devrait être encore en progrès par rapport aux 15,4 milliards de dollars de 2021 recensés , en avril dernier, par le Comité d'aide au développement de l'OCDE. Cinquième bailleur de fonds au niveau mondial, la France va néanmoins devoir poursuivre son effort pour combler son retard par rapport aux engagements des Nations unies de consacrer 0,7 % du revenu national brut (RNB) à l'aide publique au développement. Pour 2022, le gouvernement annonce qu'il devrait atteindre 0,55 % du RNB. Le pourcentage était de 0,43 % en 2017 au début du premier quinquennat.