Francis Journot Jeune Afrique

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Champs solaire

Je suis journaliste à Jeune Afrique. Dans le cadre d'un dossier sur le financement des infrastructures en Afrique notamment via les PPP, j'aimerais faire appel à votre expertise sur le sujet dans le cadre d'une interview. Thais Brouck

Jeune Afrique : Vous ne semblez pas être très favorable au recours au PPP en Afrique. Pour quelle raison ?

Francis Journot : Il est évident que des micros PPP dont l’enjeu financier est faible mais qui améliorent sensiblement les conditions de vie de populations pauvres, sont très utiles. De même, lorsque le signataire privé d’un PPP, n’est pas le bras armé d’un Etat animé par des velléités de prédation de terres ou richesses minières, n’effectue pas de versements occultes pour emporter le marché,  n’est pas l’instrument de lobbys voulant vendre à tout prix leurs éoliennes ou panneaux solaires et dont l’ultime ambition consiste à vouloir en tapisser le désert même si cela risque à terme d’augmenter la température terrestre et enfin, a conditions qu’un optimisme excessif ou des jeux d’influence politique, n’aient pas perverti les études financières de faisabilité, alors un partenariat public privé peut s’avérer profitable pour chacune des parties.

Jeune Afrique : N'est-ce pas un moyen d'attirer les capitaux et de financer les infrastructures si nécessaires au continent ?  

Francis Journot : C’est surtout un moyen promu par des institutions internationales et agences de développement dont on peut craindre que la vision soit plus idéologique qu’économique. Financer la construction d’infrastructures énergétiques, est certes très louable. Mais si au terme de l’installation de ces services, les entreprises industrielles potentiellement utilisatrices et hautement structurantes en termes d’activité et d’emploi, sont inexistantes, les consommateurs, entreprises ou particuliers, susceptibles de payer des abonnements seront souvent insuffisants. Aussi, sans nouvelles ressources fiscales, les Etats ne pourront le plus souvent, guère honorer les nouvelles créances. Le postulat selon lequel il suffit d’installer des infrastructures pour qu’un miracle économique s’ensuive, s’est souvent révélé erroné.    

Jeune Afrique : Dans le contexte actuel de raréfaction du crédit, les PPP ne constituent-ils pas un avantage ?  

Francis Journot : Si l’on considère qu’un défaut de paiement dans le cadre d’un important PPP puisse conduire un Etat à brader ses richesses ou se retrouver placé en cessation de paiement avant de devoir accepter les dures conditions d’un plan d'apurement des dettes proposé par le FMI, alors non le PPP n’est pas forcement pas la solution. C’est pourquoi précisément, je travaille depuis plusieurs années sur un « programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans » qui tient compte davantage des paramètres économiques et interdépendances.  Il faut avancer simultanément sur tous les fronts et s’appuyer sur de mécanismes économiques éprouvés. Seule une méthodologie crédible attirera les investisseurs sérieux.